Microbiote, microbiote, on en entend beaucoup parler, n’est-ce pas ? Mais qu’est-ce que cela change réellement dans votre digestion ?
Le microbiote, un écosystème dans vos intestins :
Le microbiote intestinal, tout comme le microbiote de votre peau, regroupe un ensemble d’organismes : virus, champignons et bactéries qui vivent en symbiose avec nous, leurs hôtes. La nature est bien faite, si notre organisme ne les rejette pas comme il attaquerait un virus pathogène (pouvant nous rendre malades), c’est parce qu’il y trouve également son compte !
En effet, tout ce petit monde est le bienvenu. Même les champignons, comme le Candida Albicans, responsables des candidoses parfois invalidantes, sont en réalité, à l’origine, des « amis qui nous veulent du bien ».
Une société qui travaille pour vous :
En échange d’un logement gratuit, les bactéries qui colonisent nos intestins, et tout particulièrement notre colon, s’occupent de digérer les fibres dont nous n’avons pas les capacités digestives pour les prédécouper et en tirer des nutriments : vitamines, acides gras et autres métabolites
En se nourrissant de ces fibres, nos bactéries amies produisent des métabolites qui nous sont utiles.
Elles produisent entre autres, des acides gras à chaîne courte, comme le butyrate, qui vient nourrir les cellules de la paroi intestinale. En participant ainsi à la santé de celle-ci, elles jouent un rôle préventif dans l’inflammation due à la perméabilité intestinale, dont nous avons déjà discuté dans un précédent article, et qui peut affecter négativement le cerveau, en particulier le fonctionnement de l’amygdale.
D’autres métabolites, messagers chimiques vont influencer directement le système nerveux centrale en stimulant les neurones de l’intestin (système nerveux entérique). En lien directe avec le nerf vague, cette stimulation du SNE interagit quotidiennement avec le SNA, responsable de notre homéostasie (l’équilibre interne nécessaire à notre survie face aux changements constants);
Enfin certaines bactéries participent également à la production de neurotransmetteurs. Il est maintenant bien connu que 80 % de la sérotonine, notre hormone du bonheur, précurseur d’un bon sommeil, est produite dans les intestins. Vous comprenez donc instinctivement le lien entre la santé de votre petit monde et celle de votre bien-être psychique.
D’ailleurs, dans son ouvrage « Anxiété, dépression, sommeil : la révolution nutritionnelle », le Dr Uma Naidoo cite une étude prouvant un lien entre le microbiote et le TDAH, un trouble de l’attention que l’on pourrait penser, à première vue, essentiellement causé par un dérèglement cérébral.
« En 2017, Esther Aarts et ses collègues ont examiné les différences entre le microbiome de patients souffrant du TDAH et celui de personnes en bonne santé. Résultat : les personnes atteintes du TDAH avaient plus de bactéries qui produisent la phénylalanine, ce bloc de construction nécessaire à la synthèse de la dopamine et de la noradrénaline ». D’autres études encore vont dans ce sens. Je ne vais pas m’égarer ici, mais vous comprenez que, en cas de troubles de l’humeur, il peut être intéressant de se pencher sur cet écosystème qui habite vos intestins.
De la symbiose au désordre !
En effet, si à l’origine, cette colonisation vit en symbiose, entre elles mais aussi avec nous, les problèmes surviennent lorsque l’on passe d’une symbiose à une dysbiose (absence de symbiose).
Tout commence à la naissance ! Lorsque nous naissons, nous ingérons bactéries, virus et champignons qui nous entourent, et ceux-ci nous colonisent petit à petit. Alors que les enfants naissent par voie basse, ils ingèrent un peu de microbiote vaginal de leur mère, c’est celui-ci qui composera en majeure partie le leur. Il faut ajouter aussi les bactéries du microbiote cutané lors de l’allaitement au sein.
Si cela peut être un avantage, ce n’est pas une fatalité, et le nourrisson continuera à se forger son propre microbiote durant ses premières années de vie. Une fois ce dernier stabilisé, il n’évolue plus beaucoup ; ce sont les mêmes colonies de bactéries, virus et champignons qui constitueront votre microbiote adulte. Ce qui change, c’est la proportion d’une variété de bactérie par rapport à une autre, d’une prolifération d’un virus ou d’un champignon, lorsque la place semble libre.
Il arrive aussi fréquemment qu’une partie de ces bactéries migrent plus haut dans l’intestin grêle alors qu’elles ne devraient pas. Alors qu’elles sont censées occuper majoritairement le colon, où seuls les résidus non digérés aboutissent. Lorsqu’elles remontent dans l’intestin grêle, c’est le festin : elles consomment en excès des glucides, provoquant gaz, ballonnements, douleurs…
Lorsqu’elles restent sagement dans le colon, mais que nous ne leur apportons pas une alimentation riche en fibres pour les nourrir, elles aussi dépérissent. Elles ne produisent plus assez d’acides gras à chaîne courte, de précurseurs de neurotransmetteurs, ou alors en proportion non optimale (trop d’un et pas assez d’un autre). Tout un écosystème, auquel nous appartenons, se chamboule. La paroi intestinale s’affaiblit, l’inflammation s’installe, le système immunitaire tout comme le système nerveux se dérèglent et c’est l’effet boule de neige !
Si une alimentation pauvre en fibres peut être la cause, un traitement aux antibiotiques, ou une alimentation trop industrialisée, source de pesticides, « stérile », peut également être la source d’un dérèglement du microbiote.
Le stress et l’inflammation causés par d’autres pathologies peuvent également impacter leur développement.
Alors pour éviter d’en arriver là, la première étape consiste à prendre soin de sa santé de manière globale. En apprenant à gérer son stress, en limitant les facteurs inflammatoires et en choisissant une alimentation adaptée.
Une consommation quotidienne d’aliments riches en fibres, d’aliments fermentés, pauvres en glucides simples, en alcool et en tabac, permettra de prévenir un déséquilibre potentiel. On conseille généralement une alimentation végétale, brute et la plus vivante possible.
Attention toutefois, si vous souffrez déjà d’un tel déséquilibre, l’ajout de fibres, comme des légumes crus, peut initialement aggraver vos symptômes et empêcher un réel rétablissement de l’équilibre. Si tel est votre cas, faites-vous accompagner par un professionnel qui vous guidera progressivement en réduisant certains groupes d’aliments selon votre situation, pour les réintroduire graduellement et vous aider à retrouver une santé intestinale. Il vous faudra peut-être être patient, car cela peut parfois prendre du temps. Mais rien n’est impossible, ne baissez pas les bras !
Sources :
ADNR formation
Hygie One académie
« Anxiété, dépression, sommeil : la révolution nutritionnelle », le Dr Uma Naidoo
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